Colloque international organisé les mercredi 1, jeudi 2 et vendredi 3 mai 2013 à l'Université de Salzbourg.
Le programme Arts & Sciences Humaines du Pôle universitaire Sciences et Arts de l’Université de Salzbourg et le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines ont organisé un colloque international et pluridisciplinaire sur Jean Cocteau, les 1, 2 et 3 mai 2013 à Salzbourg.
Jean Cocteau s’est toujours défendu de mêler les pratiques artistiques et littéraires sans distinction. Par là, il entendait certainement combattre sa réputation de touche-à-tout. C’était aussi pour lui une façon d’affirmer qu’il avait pleinement conscience des différences sémiotiques entre les langages. Il n’en demeure pas moins que la multimédialité de son oeuvre mérite d’être interrogée en tant que telle, dans ses causes, ses modalités et ses effets. Le revirement du jeune Cocteau n’est-il pas dû à l’articulation problématique du dessin de l’Eugène avec l’écriture des débuts ? La part la plus reconnue de son oeuvre – les films qu’il a réalisés – n’est-elle pas fondée sur la rencontre de la parole avec l’image ? Le dramaturge n’a-t-il pas créé pour certaines de ses pièces (Les Chevaliers de la Table ronde, Renaud et Armide, Bacchus…) décors, costumes et/ou mises en scène ? L’expérience de la peinture dans les années 1950 n’a-t-elle pas, du propre aveu de Cocteau, perturbé sa manière d’écrire pour les planches, lorsqu’il s’attela à la rédaction de Bacchus, moins linéaire que de coutume ?
La recherche scientifique la plus récente sur Cocteau, en battant en brèche le reproche de dispersion, preuves à l’appui, a montré la cohérence de sa production protéiforme, autant du point de vue des structures de son imaginaire que des constantes de son style. Mais elle a assez peu envisagé les interférences entre les moyens de création que Cocteau a sollicités tour à tour, ou de conserve. Ce colloque entend précisément mettre l’accent sur les raisons psychologiques et esthétiques, les enjeux poétiques et culturels, les modes de circulation, voire les facteurs d’incompatibilité, qui sont liés, chez Cocteau, aux usages croisés des arts. Par exemple, il y a fort à parier que la prégnance de l’image dans son univers comme sa fascination pour l’épreuve argentique doivent au traumatisme du suicide paternel, associé à une histoire d’appareil photographique en réparation. On peut raisonnablement penser que le goût de Cocteau pour la pantomime et le ballet narratifs est fonction du régime littéraire de son esprit. Jouant de l’hétérogénéité des langages, Cocteau chercha à provoquer sur scène le “synchronisme accidentel”, qui suspendait aux lois du hasard les possibilités de coïncidence entre les médias. Plus généralement, Cocteau se montrait également sensible à un esprit d’époque en croisant les pratiques, lui qui côtoyait des avant-gardes (modernisme, dadaïsme, surréalisme…) désireuses de brouiller les frontières entre les activités artistiques et littéraires. Voilà quelques exemples de propositions qui appelleraient certainement des développements, voire des discussions.
Arts plastiques, arts de la scène, cinéma, musique, radio, autant de champs qu’il est possible d’étudier, à l’occasion de ce colloque, dans leurs relations avec l’écriture et la poésie. Afin de favoriser les analyses intermédiales, on pourra notamment s’intéresser à l’illustration (dans les livres comme dans les revues), aux adaptations transmodales, aux collaborations avec les musiciens, ou encore avec les réalisateurs de films. Si Cocteau n’aspira pas à confondre les arts dans une visée unificatrice, il ne cessa de provoquer leurs rencontres dans son oeuvre, avec la conscience que de ces mises en contact pouvaient naître des déséquilibres expressifs à fort pouvoir d’évocation poétique.
Mercredi, 1 mai 2013 Solitär, Universität Mozarteum, Mirabellplatz 1 19h00 Café Cocteau. Lieder und Texte / Café Cocteau. Chansons et textes
Jeudi, 2 mai 2013 Unipark Nonntal / Raum 1.004 / Erzabt-Klotz-Str. 1, 5020 Salzburg
9h30 Begrüßungen / En guise de bienvenues : Christopher Laferl (Stellv. Dekan der Geistes- und Kulturwissenschaftlichen Fakultät / Vice-Doyen de la Faculté des Sciences Humaines), Peter Kuon (Leiter des Programms Arts & Humanities - Schwerpunkt Wissenschaft & Kunst / Directeur du programme Arts & Sciences Humaines - Wissenschaft & Kunst, Susanne Winter et Serge Linares, Tagungsleitung / Organisateurs du colloque.
10h00 Hervé Lacombe (Rennes II)
Cocteau lu par Poulenc : //Les Cocardes// en musique
10h45 Pause café
11h00 Danielle Chaperon (Lausanne)
L’Espace dramatique chez Cocteau
11h45 Miroslava Novotná (Brno)
La voix, l’image et l’écriture dans le //Théâtre de Poche// de Jean Cocteau
14h30 Christian Sauer (Salzburg)
« Ne pas réveiller »: Réflexions autour du motif de la statue vivante chez Cocteau
15h15 Dominique Kunz Westerhoff (Lausanne)
L’ange machine: imaginaire mécanique et création poétique chez Jean Cocteau
16h00 Pause café
16h15 Caroline Surmann (Bonn)
//Le Sang d’un poète// - Enjeux inter- et multimédiaux
17h00 Serge Linares (Versailles-Saint-Quentin)
Cocteau, écrivain cinéaste
Vendredi, 3 mai 2013 Unipark Nonntal / Raum 1.004 / Erzabt-Klotz-Str. 1, 5020 Salzburg
9h30 Claudia Jeschke (Salzburg)
Jean Cocteau: J'ai voulu être chorégraphe
10h15 Katalin Kovács (Szeged)
Écrire en peintre : langages des arts et vision picturale dans quelques romans de Cocteau
11h00 Pause café
11h15 Pierre-Marie Héron (Montpellier III)
Ecriture et dessin dans les années Vingt
12h00 Susanne Winter (Salzburg)
Les mots et l’espace: l’écriture cubiste
14h30 Evanghélia Stead (Versailles-Saint-Quentin)
Cocteau au miroir (sur //Le Mystère de Jean l'Oiseleur//)
15h15 David Gullentops (Bruxelles)
Intertextualités ou intermédialités picturales dans l’œuvre de Cocteau
16h00 Pause café
16h15 Jean Touzot (Paris IV-Sorbonne)
Quand le crayon relaie la plume ( les dessins en marge du //Passé défini//)
17h00 Conclusion