Si à partir de 1909, donc dès ses débuts, Cocteau publie régulièrement dans la presse périodique des articles, dessins, poèmes et textes en prose, si, en 1919, il s'essaie à la vulgarisation de l'actualité artistique d'avant-garde avec les vingt livraisons de « Carte blanche » dans Paris-Midi, c'est au cours des années trente seulement qu'il adopte de façon ostensible une posture d'écrivain journaliste et fait de l'écriture de presse, non seulement un gagne-pain, mais une stratégie majeure de conquête de publics ciblés. Les petites ou grandes séries d'articles destinées à des quotidiens de couleur politique variée s'enchaînent durant une dizaine d'années : Portraits-Souvenir dans Le Figaro (1935), Retrouvons notre enfance (1935) puis Mon tour du monde en 80 jours (1936) dans Paris-Soir, Articles de Paris dans Ce Soir (1937-1938), Le Foyer des artistes dans Comoedia (1941-1944). D'autres séries, moins connues, sont aussi parlées à la radio : « Billet parisien » sur Radio Cité en 1938, « Le Théâtre de la rue » sur Radio Luxembourg en 1938-1939. Durant cette période, le « rythme périodique » et ses contraintes (délai d'écriture, format des rubriques, insertion dans l'ensemble, actualité) s'inscrivent de façon massive dans les rythmes de travail de l'écrivain, comme dans celui de nombreux autres au même moment, d'Aragon à Colette. Comme la plupart d'entre eux, Cocteau cherche à afficher doublement son identité littéraire, par rapport aux professionnels en défendant pour sa part une certaine conception de « l'article de poète » ou du « journalisme intime », par rapport aux autres écrivains journalistes en s'efforçant d'occuper de façon atypique des places typiquement occupées par les écrivains dans la grande presse comme le reportage ou la chronique artistique. Cependant l'activité journalistique de Cocteau déborde de part en part ce temps fort : on estime à plusieurs centaines les périodiques auxquels il a donné des textes au fil de son existence (souvent non repris en volume de son vivant). Surtout, bien avant de se lancer dans des collaborations de presse suivies (séries d'articles, chroniques radio), Cocteau a fondé et animé plusieurs revues éphémères : Schéhérazade (1909-1911), Le Mot (1914-1915), Le Coq (Le Coq parisien à partir du n°3) (1920-1921), dont les enjeux artistiques (supports, textes et illustrations) et polémiques restent peu étudiés.
Le colloque se propose de considérer l'ensemble de l'activité journalistique du poète, sous ses aspects poétiques, sociaux et institutionnels : lieux de publication et réseaux relationnels, genres, formes et supports, thématiques, fonctions de l'écriture et du dessin de presse au sein de l'œuvre. Une attention particulière sera portée à l'activité revuiste de Cocteau ainsi qu'au « moment » des grandes séries de presse (1935-1945). Dans le cas de textes repris en volume, les interventions prendront en compte le cadre médiatique initial (journal, radio) et ses incidences sur la poétique et la réception du texte.
Jeudi 31 mai - matinée - site Saint-Charles de l'université Paul-Valéry - salle des colloques 1
Présidence : Pierre-Marie Héron (Montpellier III)
Présidence : Pierre Caizergues (Montpellier III, IUF)
Jeudi 31 mai - après-midi - site Saint-Charles de l'université Paul-Valéry - salle des colloques 1
Présidence : Jean Touzot (Paris-Sorbonne)
Présidence : Philippe Baudorre (Bordeaux III)
17h30 Projection du film-dvd : David Gullentops et Ann Van Sevenant, Les Mondes de Jean Cocteau (Éditions Non Lieu, avril 2012), durée : 55 mn.
Vendredi 1er juin - matinée - auditorium du musée Fabre
Présidence : Myriam Boucharenc (Paris X)
Présidence : Marie-Ève Thérenty (Montpellier III, IUF)
11h00 Présentation du DVD-Rom Jean Cocteau unique et multiple, Pierre-Marie Héron (dir.), préface de Pierre Bergé, Montpellier, Éditions L’Entretemps, mai 2012.
Vendredi 1er juin - après-midi - auditorium du musée Fabre
Présidence : David Gullentops (Université de Bruxelles-VUB)
Accès aux lieux en tramway :
Université Paul-Valéry, site Saint-Charles : ligne 1, arrêt Place Albert 1er Musée Fabre et Corum : ligne 1, arrêts Corum ou Comédie